Que sait-on du comportement des femmes au jeu ? Y a-t-il de grandes différences entre les comportements au jeu, entre une femme française et australienne ? Des recherches sur le comportement au jeu des jeunes femmes australiennes et des études françaises sur la consommation nous éclairent.
Il y a eu peu d’étude du comportement des femmes, parce que le jeu est toujours perçu comme une activité dominée par les hommes. Dans la langue russe, il est impossible de trouver le féminin de joueur (igrok). Cela ne se dit pas… Les annonces publicitaires comme les jeux eux-mêmes ont été conçus pour les hommes.
Une prise en compte tardive des femmes par le Marketing
Les Publicitaires se sont ainsi aperçus qu’ils avaient négligé une grosse part du marché : les femmes ont des revenus aussi élevés que les hommes et besoin de se divertir.
L’inclusivité est devenue une nécessité quand les concepteurs de gaming se sont rendus compte que 95% des GenZ féminines et 65% pour les millenials féminines jouaient aux jeux vidéos (source Digital Report WAS 2021).
Des différences flagrantes de styles de jeu
Femmes et hommes jouent différemment :
- Les hommes éprouvent un attrait pour l’adrénaline liée au risque de pouvoir gagner de l’argent rapidement.
- La femme cherche le plaisir d’une détente après une journée mouvementée. Le jeu en ligne est un passe-temps agréable ou un loisir.
En termes de temps consacré, les études statistiques démontrent que les femmes passent 21 mois cumulés de leur vie à jouer au casino en ligne, alors que les hommes n’outrepasseraient guère 14 mois.
Le compétiteur contre la dilettante ?
Les opérateurs ont modulé le message dans leurs annonces. Ils s’adressent aux femmes en leur disant :
- « Jouez, détendez-vous, soyez fabuleuse. »
À l’adresse des hommes, l’incitation est différente :
- « Jouez, gagner, et vous serez un gagnant ».
De même que la Française, la femme australienne perçoit le jeu comme un plaisir inoffensif et admet de perdre de l’argent pour le plaisir et l’expérience de jeu. Pour les Australiennes, le pari rend les sports beaucoup plus attrayants et excitants. À l’inverse, l’homme veut exercer un certain degré de maîtrise, alors que le jeu est aléatoire.
En France, ce sont, principalement, les femmes d’une trentaine d’années qui jouent, à un moment où elles sont plus financièrement stables ou sont déjà mariées. Le jeu leur sert de passe-temps, d’évasion pour échapper aux tâches ménagères et à l’ennui.
Quels jeux attirent les femmes ?
- En France, les annonces ciblant les femmes ont tendance à se concentrer sur le Bingo ou les machines à sous.
- Dans les jeux en ligne, en Australie : 48 % des jeunes femmes préfèrent les machines à sous en ligne à toute autre proposition de jeu.
- Hors-ligne, ce sont les loteries et les loteries instantanées, les jeux de « grattages », qui obtiennent les scores les plus élevés (26,7 % de toutes les joueuses), en Australie.
- En France, les annonces ciblant les hommes se concentrent sur les jeux comme le blackjack, le poker, la roulette et les paris sportifs
Modèles familiaux et influence des pairs
Dans les deux cas, le poids des “traditions”, en tout cas, les modèles perçus à la maison, jouent un rôle initiateur : si les parents jouent fréquemment (tiercé, grattage…), la jeune femme aura tendance à reproduire ce schéma comme fréquent, normal.
S’exerce aussi une forte pression des réseaux sociaux et des pairs : cela peut être le groupe d’amis, comme il en irait de l’apprentissage des jeux de société, ou simplement des partenaires masculins. Cette influence peut se manifester par des conseils sur le jeu, les paris à placer, ou même que jouer ensemble peut devenir une activité de couple, voire un rêve partagé d’échapper à la routine.
Dans les propositions de sortie, la jeune Française ou Australienne peut concevoir une journée à l’hippodrome comme une journée entre filles. À propos d’addiction, la transgression chez l’homme apparaît comme plus « légitime », alors que, comme dans l’alcool, l’addiction féminine est honteuse et très longtemps cachée, assimilée au vice ou à la folie.
Signalons les cas nombreux de harcèlement en ligne subis par les “E-Girls” (terme péjoratif), dont des professionnelles de Dota ou Call of Duty.
Conclusion de ces études
Les jeunes joueuses, en Australie comme en France, se tournent vers les machines à sous ou les paris pour faire une pause dans les responsabilités ménagères. Il s’agit surtout de jouer pour le plaisir, de soulager l’ennui ou d’ajouter de l’intérêt à regarder des sports, là où ils étaient largement masculins : en France, la victoire à la coupe du monde de football 1998 a été un révélateur d’une adhésion mixte à cette passion.
Le Modèle familial des habitudes de jeu ou la pression des pairs, dans le couple ou la bande de copines jouent un rôle déterminant de socialisation par le jeu.